Accumulations, répétitions

23 février – 25 mars 2017

Pascal Gingras
Barbara Iperciel
Christian Messier
Jana Sterbak
Karen Trask

La galerie LarocheJoncas est heureuse de présenter l’exposition Accumulations, répétitions qui réunit cinq artistes proposant chacun des démarches fort différentes. Cette exposition regroupe des médiums hétéroclites qui incarnent chacun à leurs façon le geste itératif et l’idée d’accumulation et de répétition.

On observe avec les œuvres de Karen Trask, Jana Sterbak et Pascal Gingras, l’utilisation de techniques artistiques reliées au textile et qui évoque  la facture de l’art artisanal.

Chez Trask, l’idée de la répétition se manifeste par l’accumulation des mots qu’elle utilise également comme médium. Ce qu’elle qualifie de récits tissés imposent un regard sur l’importance du geste lent et itératif. L’histoire autour d’un objet ou d’un récit s’affirme dans la tangibilité de la sculpture par le biais de l’utilisation de pages de dictionnaires. La création de l’objet fait partie de l’œuvre en elle-même. Trask accorde d’ailleurs beaucoup d’importance aux mouvements répétés et presque obsessifs de la composition. Cette matérialité produite par le geste cyclique du tissage met en valeur la pratique et la technique manuelle. Cette recherche de texture on la retrouve aussi dans le travail de Pascal Gingras. Codimension Nouée (2014) évoque aussi la mémoire du geste et de la technique. L’emprunte de macramé réalisé par un membre de la famille de l’artiste atteint de schizophrénie constitue l’élément principal de la composition. Cette pratique artisanale servant d’« outil de méditation » suggère encore une fois l’importance du geste répété et presque monomaniaque. L’artiste souligne même que ce passe temps était devenu une véritable obsession.

            Accumulations, répétitions présente à travers ses œuvres exposées le processus de  dénaturalisation de l’objet pour lui conférer une nouvelle utilité. La temporalité devient presque aussi importante que la matérialité. Chez Jana Sterbak, l’art conceptuel et l’expérience humaine deviennent le sujet de ses installations et performances. Teinté d’humour et d’ironie, Masque (2015) s’allie agilement au reste de l’exposition notamment par l’utilisation du textile et du geste répétitif qu‘est le crochet mais joue également sur la perception d’un vêtement qui par son ambiguité renvoi une panoplie d’interprétations au spectateur.

Sur un ton plus festif, on retrouve l’œuvre de Barbara Iperciel sur le mur du fond de la salle. L’individu est pour l’artiste le point central de son travail. L’installation regroupe plusieurs objets hétéroclites incarnant l’affirmation des sphères de la vie d’un individu. La vision positive de l’artiste met l’emphase sur la motivation et la spiritualité perçue à travers la sphère humaine. L’installation composée d’un ensemble d’éléments complexes évoquant selon l’artiste, la « philosophie du zen » conjugue avec chaque facteur influençant l’univers d’une personne.

Le seul tableau de l’exposition Jeu Nudiste  de Christian Messier, fait référence à la célèbre œuvre de Henri Matisse intitulée La Danse (1909-1910). C’est l’aspect chorégraphié et répété du rituel primitif de cette danse nudiste introduisant une autre évocation à l’idée de répétition et d’accumulation qui semblait une excellente façon d’apporter une couleur historique à  l’idée d’explorer les différentes stratégies que les artistes explorent pour créer.

L’ensemble des œuvres, à première vue disparate, caractérise un processus créatif souvent lent et continu. L’accumulation, qu’il faut voir ici dans une perspective d’une accumulation d’énergie ainsi que le geste répétitif souvent à la limite de l’obsession contribue à l’altération du médium et bâti la ligne directrice de cette exposition.  L’accumulation autant que la répétition constitue un élément ajouté à la finalité de l’œuvre en elle-même. Pour comprendre le travail de l’artiste, il faut aussi prendre en considération le processus créatif derrière le dessin final de l’œuvre.

 

Texte rédigé avec la collaboration de Alexandra Dagenais