Mascha – Bonne fête Chérie 
Gabrielle Lajoie-Bergeron

17 novembre – 17 décembre / November 17 – December 17, 2022

Réception en présence de l’artiste samedi le 19 novembre, de 15h-18h

“Mascha – Bonne fête Chérie !”* réfléchi à la figure du masque et la notion de fête dans l’espace intime, public et politique. Du bas-latin, “mascha” signifie sorcière. Ces faux-visages, habituellement faits de bois, cuir, métal, plâtre, carton, papier et végétaux, inspirent des espaces ou fiction et réalité se chevauchent. Le mascha dissimule, trompe, fascine, inquiète et sème l’effroi. Il crée une forme d’impunité et peut exercer une fonction de dérision. Toutes les civilisations l’ont à leur origine connu, porté et célébré. Le développement des sociétés et le déclin des pratiques magiques et sacrées ont effrité sa portée. Désormais, il est davantage une manière d’afficher une image de soi, de se dissimuler derrière une façade. Il est un double complémentaire, opposé ou différent permettant d’embellir, transformer ou transfigurer pour s’identifier autrement. Il représente les mouvements politiques, sociaux voire économiques et sexuels; ces jeux de pouvoirs et de hiérarchies normatifs apparaissant sous forme de comportements hypocrites, de mise en scènes fallacieuses, de simulacres collectifs. Il est le rapport à l’Autre, le jeu de rôle, le faux-semblant.

‘’Bonne fête chérie !” fait référence aux codes de la fête pour en questionner les notions de débordements et d’excès qui y sont souvent associés. Étymologiquement, les fêtes (ferias), sont ainsi nommées parce qu’elles proviennent de l’expression latine ferire victimas (blesser victimes).

D’hier à aujourd’hui, la fête se définit par la danse, le chant, la nourriture, la beuverie. Tout donner, jusqu’à s’épuiser. Pour certaines cultures, la fête dure plusieurs semaines voire des mois nécessitant plusieurs années pour réunir la quantité de vivres et de richesses qui y seront consommées, dépensées, détruites et gaspillées. Se terminant souvent de façon frénétique dans une débauche nocturne de bruit et de mouvement, la fête, comme le mascha, représentent une forme d’échappatoire à la vie. Tranchant avec le quotidien, ils apparaissent comme un autre monde, soutenu et transformé par des forces qui nous dépassent. Sous ces couverts on peut se permettre des gestes, des mots défendus et transgresser plusieurs règles établies. Flirtant avec l’insolence, il y a désormais peu d’interdits. On devient quelqu’un d’autre : dieu-Homme-animal. Arborer le mascha, au sens réel ou figuré, c’est entrer dans un état second pouvant conduire jusqu’à la possession, voire l’extase. La fête, pour sa part, revêt souvent le lustre du glamour, de la réussite et d’une certaine forme d’élitisme. Les célébrations sont des lieux et/ou des périodes ou la violence et les abus divers augmentent drastiquement.

Entrecroisant les récits personnels, historiques et actuels, le projet tente de mettre de l’avant les rapports de dissimulation, le non-dit. Ces doubles sens incarnent diverses formes élargies de rituels passés et actuels ; pratiques magiques, objet de jeux, rituels de passage mais aussi la façon dont ceux-ci se retrouvent dans des rites liés à la culture du viol, aux boys clubs et aux supercheries politiques. Le projet s’intéresse aux rapports de genres, de pouvoir et d’identité. En sous-titre on peut y lire transformation, camouflage transgression, travestissement et intimidation; fonctions pouvant se superposer ou s’isoler. Le mascha comme la fête, appartiennent désormais au domaine du paraître, ils permettent d’échapper temporairement à la vie quotidienne en donnant libre cours aux instincts refoulés et en faisant ressortir certains aspects de la vie souvent occultés, voire des facettes inconnues.

Mascha – Bonne fête chérie ! est le troisième et dernier volet entourant la série ‘’Mascha – Le gros party’’ présentés à L’Œil de Poisson (Québec / mai 2022) et la IA&A at Hillyer Gallery (Washington DC / août 2022). Merci au Conseil des arts du Canada et au Conseil des arts et des lettres du Québec pour leur soutien.

BIO

Gabrielle Lajoie-Bergeron est une artiste multidisciplinaire, commissaire et travailleuse culturelle vivant et travaillant entre Charlevoix (Canada) et Baltimore (États-Unis). Lajoie-Bergeron est titulaire d’une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’UQÀM (2014) et a reçu de nombreux prix et bourses autant au Canada qu’à l’international (MSCA/ Grit Fund / Plein Sud / CAC / CALQ / Argentina Art Council). Son travail a été exposé au Canada, aux États-Unis, en Europe, en Amérique du Sud et en Afrique. En 2018, elle a fait partie des programmes de la Residencia Corazon (Argentine), du Musée Il Torrione (Italie) et du 36e Symposium international d’art contemporain de Baie-St-Paul (Canada). En 2019, son travail a été présenté au Palazzo dell’arte DiNapoli (Italie) et à l’ICA (Baltimore). En 2021-23, son travail sera présenté au centre culturel Laure-Conan (Charlevoix), L’Oeil de Poisson (Québec), SPACES (Cleveland) et l’IA&A at Hillyer Gallery (DC). Membre du collectif féministe Filles Deboutes ! (avec Christrine Major et Isabelle Guimond) leur projet furent présentés à L’Écart (Rouyn-Noranda), ICA (Baltimore) et Galerie B-312 (Montréal). Co-fondatrice du centre Pigment Sauvage–Art & Residencies Center (Baltimore), elle a été commissaire du projet La Track/The Track en 2019-20 (Montréal & Baltimore). En 2020-22, elle a été finaliste du Sondheim Prize, du Bethesda Painting Prize et du Trawick Prize. Son travail a été publié dans plusieurs magazines et journaux. Au cours des 10 dernières années, Lajoie-Bergeron a offert de nombreux ateliers de médiation culturelle au Québec et à l’étranger.

ENGLISH

Mascha – Bonne fête Chérie ! questions the notion of celebration in the intimate, public, and political space. Highlighting evocative traces of a past event, this vivid new corpus allows us to imagine a universe in itself. Inspired by the figure of the “mascha” — the etymological root of the word “mask,” also meaning witch in Low Latin — the exhibition marshals a vast diversity of works, including a number of faux-visages (false faces) made of various materials. “Bonne fête Chérie ! ” is a French expression meaning, in common parlance, “Happy Birthday. ”Chérie”, in its feminine form, means ‘my dear’ but is generally used in a pejorative way when addressing women – a form of possession/invisibilization/objectification.

Inspired by festivities and their rituals, the project questions notions of overflow and excess, and the flashpoint at which fiction and reality overlap. It is about identity, power, and relationships. If the party makes it possible to become someone else — to live a rite of passage — what happens when the event overflows beyond the dancing, the singing, the feast, and the simple drinking? The big party invoked by Lajoie-Bergeron refers to the capricious masquerade that we offer in our time, when the celebration begins to lose its glamor and to lurch into incipient violence and other abuses.

BIO

Gabrielle Lajoie-Bergeron is a multidisciplinary artist, curator and cultural worker living and working between Charlevoix (Canada) and Baltimore (United States). Lajoie-Bergeron holds a master’s degree in visual and media arts from UQÀM (2014) and has received numerous awards and grants both in Canada and internationally (MSCA/ Grit Fund / Plein Sud / CAC / CALQ / Argentina Art Council). Her work has been exhibited in Canada, the United States, Europe, South America and Africa. In 2018, she was part of the programs of the Residencia Corazon (Argentina), the Il Torrione Museum (Italy) and the 36th International Symposium of Contemporary Art of Baie-St-Paul (Canada). In 2019, his work was presented at the Palazzo dell’arte DiNapoli (Italy) and at the ICA (Baltimore). In 2021-23, his work will be presented at the Laure-Conan cultural center (Charlevoix), L’Oeil de Poisson (Quebec), SPACES (Cleveland) and IA&A at Hillyer Gallery (DC). Member of the feminist collective Filles Deboutes! (with Christrine Major and Isabelle Guimond) their project was presented at L’Écart (Rouyn-Noranda), ICA (Baltimore) and Galerie B-312 (Montréal). Co-founder of the Pigment Sauvage–Art & Residencies Center (Baltimore), she curated the La Track/The Track project in 2019-20 (Montreal & Baltimore). In 2020-22 she was a finalist for the Sondheim Prize, the Bethesda Painting Prize and the Trawick Prize. His work has been published in several magazines and newspapers. Over the past 10 years, Lajoie-Bergeron has offered many cultural mediation workshops in Quebec and abroad.