Robb Jamieson + Dominique Sirois  
LOW RISE SUN / SOLEIL RASANT

3 avril – 15 mai, 2021
April 3 – May 15, 2021

La Galerie Laroche/Joncas réunit au coeur de son espace les artistes montréalais
Dominique Sirois et Robb Jamieson, dont elle affectionne tout particulièrement le travail.
Présentée sous le titre Low Rise Sun, cette proposition ne se veut pas le déploiement
d’oeuvres coproduites, mais plutôt un dialogue qui s’opère naturellement et prend les
traits d’affinités conceptuelles et formelles entre ces deux pratiques.

Le soleil rasant est cet ambigu entre-deux à l’oeuvre en début et fin de journée. Propice
à une intimité et une sensualité permises par la lumière ocre diffuse, ce moment si
particulier est également annonciateur d’un cycle en cours, à la fois fin d’un espacetemps
et début d’un autre. Dans Low Rise Sun, cette image et ses rhizomes se
déploient pour faire écrin aux familiers des artistes et leur offrir des points de
convergences.

Dilatant son espace intérieur jusqu’à en contaminer le lieu de monstration, Robb
Jamieson use de vêtements et de tissus glanés dans son placard pour révéler le
potentiel nostalgique dont ils sont empreints. Mariah Carey, Degrassi, Dr. Martens sont
autant de référents culturels personnels qui viennent teinter les oeuvres en 2 puis 3
dimensions. Des corps suggérés, fantomatiques, basés sur les dimensions de celui de
l’artiste, et des tableaux à l’esthétique artisanale qui induisent une forme de (re)lecture
du temps. Les collages de Jamieson arborent des images fragmentaires agencées sans
chronologie ou hiérarchisation apparentes. En mode aléatoire, leur contenu – qualifié par
l’artiste de cabinets de curiosités en 2D – n’est pas sans rappeler le flux continu du fil
d’actualité d’un réseau social consulté de sa maison, en plein confinement. Le visiteur
est ainsi mis à l’épreuve de ces dispositifs définis par une série de soustractions et
d’ajouts successifs, et invité à pénétrer la propre narration de l’artiste revendiqué comme
source et sujet de l’ordonnancement du réel.

De son côté, Dominique Sirois poursuit son inépuisable intérêt pour l’objet réflexif fécond
qu’est l’économie, à la fois motif et force discursive irradiant l’ensemble de son oeuvre.
Pour Low Rise Sun, elle pense la notion d’énergie qu’elle décline en 3 dimensions :
économique, sexuelle et solaire. Se plaisant à créer des objets ambigus où les
mécanismes d’identification sont mis à mal, l’artiste propose des oeuvres qui échappent
et se dissolvent dans un dense tissu de relations conceptuelles et formelles. Inspirées
de la figure mythique de Danaé, le corps est convoqué dans un processus fragmentaire
de céramiques bleu denim. La teinte, mais également les attributs plastiques du jeans
utilisés dans le but de révéler la genèse ouvrière et les enjeux du capitalisme
accompagnant le vêtement. Ces hybridités incarnent un cycle de transformation, celui du
corps féminin occidental sexualisé, flirtant peu à peu avec chenilles et papillons jusqu’à
transcender sa condition biologique et embrasser pleinement son potentiel spirituel. Des
explorations sensuelles que Sirois poursuit au moyen d’une déclinaison de panneaux
solaires muraux incarnant l’astre dont les sources d’énergie et le pouvoir d’attraction
restent inépuisables.

Chloé Grondeau

ENGLISH

In the heart of its space, Galerie Laroche/Joncas brings together two Montreal artists that it admires, Dominique Sirois and Robb Jamieson. Presented under the title Low Rise Sun, this show is not co-produced works, but rather a natural dialogue between these two individual practices, one that embraces the conceptual and formal affinities of their works.

The gleaming sun is an ambiguous force that both welcomes and concludes the day. Leaning into an intimacy and sensuality diffused by an ochre light, that moment preludes an ongoing cycle, both the end of a space in time, and the beginning of another. In Low Rise Sun, this image and its rhizomes extend to make a familiar connector for the artists and offer them points of convergence.

Expanding his interior space to the point of saturation, Robb Jamieson uses clothes and fabrics gleaned from his closet to reveal the nostalgic potential of which they are imbued. Mariah Carey, Degrassi, Dr. Martens are so many personal cultural references that colour his work in two- and three-dimensions. A suggestion of a ghostly body, based on the silhouette of the artist, and paintings with artisanal aesthetics that induce a form of (re)reading time, Jamieson’s collages feature fragmentary images arranged without chronology or apparent prioritization. In this randomness, their content, described by the artist as ‘cabinets of curiosities in 2D’, is reminiscent of the continuous flux of a social network thread carefully followed from his home, in full confinement. The visitor is thus put to the test of these devices, defined by a series of subtractions and successive additions, and invited to penetrate the artist’s own narrative claimed as source and subject of the scheduling of reality.

For her part, Dominique Sirois continues her inexhaustible interest in objects of economic fertile reflection, both a motive and a discursive force that irradiates her entire work. For Low Rise Sun, she takes the concept of energy, declined in three-dimensions: economic, sexual and solar. Taking pleasure in creating ambiguous objects where identification mechanisms are undermined, the artist proposes works that escape and dissolve into a dense web of conceptual and formal relationships. Inspired
by the mythical figure of Danae, the body is summoned in a fragmentary process of denim blue ceramics. The hue, but also the plastic attributes of jeans used to reveal the genesis of workers and the challenges of capitalism, accompanying the garment. This hybridity represents a cycle of transformation, that of the sexualized western female body, flirting, bit by bit, with caterpillars and butterflies to the point of transcending its biological condition and fully embracing its spiritual potential. The sensual explorations that Sirois pursues with her use of solar panels embodies the stars, whose energy sources and the power of attraction is infinite.

Chloe Grondeau