Au hazard de nos rencontres

Maxence Croteau, RythÀ Kesserling,

Alexey Lazarev, Jana Sterbak

20 avril – 17 mai, 2024

Maxence Croteau

L’infime 2022-2023

Partant du premier livre de la première tablette de la première étagère, je photographie au hasard *1 une image contenue dans ce livre avec un objectif macro. Je répète l’action de façon systématique pour tous les livres, toujours en ne prélevant qu’une seule image par livre et en suivant leur ordonnancement dicté par le système de classification LCC2.

Partiellement héritier du « Livre » de Mallarmé, ce travail est aussi une manière de reconduire le pari de l’atlas d’Aby Warburg en proposant une relecture d’un monde (la bibliothèque) par l’image afin de montrer sa richesse infinie sans prétendre l’épuiser. Les images qui l’habitent nous offrent une forme de savoir sensible, lacunaire et foisonnant qui permet d’appréhender la complexité d’une bibliothèque tout en ouvrant des possibles imprévisibles. En dépit du fait qu’il soit impossible de montrer l’infinie complexité de n’importe quelle entité, mon travail cherche à témoigner de la complexité d’une bibliothèque en l’appréhendant de manière infime et exhaustive afin d’en révéler, sous une forme livresque exubérée, sa richesse inépuisable.

Invitant au feuilletage, l’espace d’exposition prévoit la monstration du livre ouvert posé à plat sur une table. Le livre condense une richesse imagière presqu’infiniment détaillée qui, métaphoriquement, tient lieu de toute la bibliothèque.

L’ouvrage hétérotopique nous révèle sa complexité et sa richesse qui, même infimes, restent absolument inexhaustibles.

*1 L’échantillonnage stochastique, partiellement due au hasard. Hasard dans le feuilletage qui me fait m’arrêter sur la première page imagée venue et, hasard du punctum me poignant parmi les images se rivalisant l’espace sur une page.

RythÀ Kesserling

Mettre en scène une forêt pour y grandir / Staging a forest to grow in (2023-24)

Fils de lin et de coton, noyer cendré, terre, plexiglass recyclé, composants électroniques.

Ce tissage Jacquard grand format de RythÀ Kessserling représente une forêt de pins transformée à des fins de monoculture (Pinus Resinosa). Le tissage est composé de deux parties représentant une forêt et est accompagné d’un paysage sonore forestier qui joue en boucle et vous invite à entrer dans un univers étrange. L’installation représente un paysage synthétique conçu pour être récolté.

Cette culture de l’optimisation est au service d’un système qui déforme l’écosystème de manière très coloniale. L’impact des changements environnementaux dus à la surexploitation des terres a conduit à une perte significative de diversité avec des impacts sur les forêts, les cours d’eau, les prairies et les sols.

Alexey Lazarev

When Blue is Soft, 2023-2024

Notre utilisation du langage, qu’elle soit parlée ou écrite, est construite avec des règles et des concepts établis qui limitent parfois notre capacité à exprimer nos liens uniques avec les mots avec les sons et les phrases. Nous disons souvent une quelque chose avec l’intention de l’exprimer autrement ce qui illustre la complexité du langage et de son interprétation, en particulier dans le contexte de la neurodiversité qui chaque individu peut percevoir et utiliser le langage différemment.

Ce projet, inspiré des discussions et des lectures du séminaire « Beneath Language » d’Erin Manning, s’articule autour d’un personnage inventé singulier dérivé d’un contour dessiné. Grâce à une série de transformations, j’ai développé une composition qui ressemble à un essai. Plusieurs copies de cette composition ont été découpées au laser dans du papier avec un dégradé imprimé, initialement transféré à partir d’une planche de bois.

Lors de l’installation, j’ai réorganisé les papiers découpés sur le mur pour créer une composition plus complexe, intégrant le jeu des ombres. Un exemplaire, suspendu au plafond, comporte un texte manuscrit au verso, lisible à travers un miroir placé en dessous. Ce texte contient des extraits des écrits produits lors du séminaire, ajoutant de la profondeur à l’installation.

La neurodiversité est un concept utilisé par les mouvements sociaux combattant le capacitisme (Le « capacitisme » fait référence à des attitudes sociétales qui dévalorisent et limitent le potentiel des personnes handicapées)  pour faire connaître des différences au sein de l’espèce humaine et les faire accepter en tant que variabilités neurologiques. Elle est souvent comparée à la biodiversité.

Maxence Croteau

L’infime 2022-2023

Starting from the first book of the first tablet of the first shelf, I randomly photograph an image contained in this book with a macro lens. I repeat the action systematically for all the books, in which I always take only one image per book and by strictly following their order dictated by the LCC5 classification system. Dedicated to a form of athletics of incompleteness, my body performs a protocol responsible for revealing the images that are then juxtaposed, de-hierarchized and densely grouped in pages. Theses pages combine a visual form of knowledge with a scholar form of seeing.

RythÀ Kesserling

Staging a forest to grow in (2023-24)

Linen and cotton threads, butternut (white walnut) tree, earth, recycled plexiglass container, electronic components width 107cm each piece height 2 meters (variable)

This large format Jacquard weave from RythÀ Kessserling represents a pine forest transformed for monoculture purposes (Pinus Resinosa). The weaving is made up of two parts representing a forest and is accompanied by a forest soundscape which plays in a loop and invites you to enter a strange universe. The installation depicts a synthetic landscape designed to be harvested.

This culture of optimization serves a system that distorts the ecosystem in a very colonial way. The impact of environmental changes due to overexploitation of land has led to a significant loss of diversity with impacts on forests, waterways, grasslands and soils.

Alexey Lazarev

When Blue is Soft, 2023-2024

Our language use, whether spoken or written, is shaped by established rules and concepts that sometimes limit our ability to express our unique connections to words, sounds, and sentences. We often say one thing while intending another, showcasing the complexity of language and its interpretation, especially in the context of neurodiversity, where each individual may perceive and use language differently.

This project, inspired by discussions and readings from Erin Manning’s seminar ‘Beneath Language,’ revolves around a singular invented character derived from a drawn outline. Through a series of transformations, I’ve developed a composition resembling an essay. Multiple copies of this composition were laser-cut from paper with a printed gradient, originally transferred from a woodblock.

During the installation, I rearranged the paper cutouts on the wall to create a more intricate composition, incorporating the interplay of shadows. One copy, suspended from the ceiling, features handwritten text on its reverse side, readable through a mirror positioned below. This text contains excerpts from the writings produced during the seminar, adding depth to the installation.

Neurodiversity is a concept used by social movements fighting ableism (discrimination in favour of able bodied persons) to make differences within the human species known and as neurological variabilities. It is offend compared to biodiversity.